Les quelques lignes de...

"Son sang coule dans mes veines"

Je fermais les yeux une seconde fois sous la chaleur de l'été. Je sentais l'herbe fraîche me caresser la joue, les cheveux, les doigts, les pieds. Le souffle régulier de quelqu'un qui dort, mais je ne dormais pas. Je savourais juste cet instant si long et si court à la fois.

Une parenthèse dans ces jours de souffrance et de peur , de danger et de tristesse. A cette pensée et sans se faire attendre une perle de cristal se fraya un chemin sous ma paupière close, roula sur ma joue et termina sa course entre mes lèves entrouvertes. Le goût salé et amer me remplissait la bouche se dilatant comme une tâche d'huile ou comme le sang sur la neige. Comme l'horreur sur une innocente créature.

Je marchais, les pieds nus sur l'asphalte qui couvrait le pont. Au dessous, l'eau scintillante, bouillante, bruyante, reflet de mes pensées. L'eau qui inspirait pourtant tant de calme, tant de sérénité. Je voulais arrêter de marcher, arrêter de penser, arrêter de comprendre, arrêter de sentir, arrêter de ressentir, arrêter de respirer, arrêter tout.

Je voulais me laisser porter par l'onde , y noyer mon corps et mon esprit, me laisser emporter loin d'ici. Mais j'avançais toujours et encore vers le pire.

Je passse la porte et je le vois. Affalé sur le canapé, la tête renversée et les yeux grands ouverts, le souffle régulier de quelqu'un qui dort. Et c'est ce qu'il fait , toujours et encore. Il ne voit rien, rien à part lui. Il ne voit rien, ni mon absence, ni son absence, ni le mal qu'il fait.

Parfois je me demande si je suis comme lui, ça me fait peur, ça me détruit.

Après tout, son sang coule dans mes veines.